Petite histoire d'une grande moutarde...

La découverte...

En 2019, nous découvrons dans le grenier du château de Saint-Bonnet, deux malles débordant de documents des XVIIIe et XIXe siècles. Parmi les centaines de courriers, agendas, documents historiques, militaires ou administratifs, l'une des malles renfermait un véritable petit trésor: un ensemble de feuillets manuscrits évoquant la longue histoire de la MOUTARDE DE LENCLOÎTRE: son invention par les sœurs apothicaires du couvent de la ville, son mode de fabrication très particulier ainsi que plusieurs recettes qui firent, jadis, la réputation de ce condiment d'exception. 
Début 2022, après deux années de développement, nous décidons de relancer la fabrication de la MOUTARDE DE LENCLOÎTRE ainsi que la culture de graines de moutarde sur notre territoire.

Petite histoire d'une grande moutarde...

Imaginée au XVIIIe siècle derrière les hauts murs du couvent par les sœurs apothicaires, cette moutarde est une moutarde dite "de santé ». Autrement dit, elle se veut à la fois condiment et médicament. Conçue initialement pour faciliter la digestion et combattre les parasites intestinaux, sa mise en œuvre est longue et complexe.  Elle intègre un mélange de plantes aux vertus digestives et antiseptiques qui étaient jadis cultivées dans le jardin du couvent.   
À la fin du XVIIIe siècle, la moutarde des sœurs figure en bonne place sur les tables de l’hostellerie dépendante du couvent et elle acquiert bien vite une solide réputation auprès des nombreux pèlerins qui pouvaient s’y restaurer.

Et la moutarde des sœurs devient la MOUTARDE DE LENCLOÎTRE...

Le 18 aout 1792, l’Assemblée Constituante promulgue le décret ordonnant la fermeture de tous les monastères et couvents de femmes. Le 29 septembre de la même année, les religieuses de Lencloître quittent définitivement leur couvent, concluant ainsi près de 700 ans de vie religieuse ininterrompue. 
Marcelle Aimée de James, dernière sœur apothicaire de la communauté, est à la rue. Elle trouve refuge chez un épicier de la ville qui l'héberge plusieurs mois. Elle lui confie en retour ses recettes d'apothicaire: tisanes, onguent, pommades ainsi que la formule de sa fameuse « moutarde de santé ». Ce dernier en apprend tous les secrets de fabrication et commence à proposer la MOUTARDE DE LENCLOÎTRE à partir de 1794.
Dans un premier temps, la MOUTARDE DE LENCLOÎTRE est surtout vendue les jours de foire mais elle va bientôt acquérir une solide réputation locale, d’autant qu’elle est désormais conditionnée dans de petits pots en grès facilement transportables. 
Au milieu du XIXe siècle, François Naudin, cordonnier, moutardier poète et chansonnier à ses heures, en reprend la fabrication et surtout, il invente de multiples variantes de moutardes aromatisées. Le père Naudin, surnommé « Soigne-tout » car il était aussi un peu guérisseur, sera le dernier moutardier de Lencloître. Ses recettes, que l'on pensaient perdues, dormaient en fait depuis près de 150 ans dans le grenier du château de Saint-Bonnet, situé à une encablure de la ville. 
Découvertes en 2019, deux années de recherches et d’expérimentations ont été nécessaires pour retrouver les proportions, le plus souvent absentes du manuscrit original. Recettes historiques, mais aussi créations contemporaines, retrouvez (après plus d'un siècle d'oubli) les saveurs complexes de ces moutardes d'exception !